Herivelona Ramanantsoa : Pour prévenir toutes crises pré ou post-électorales, je prône un « climat d’Entente Nationale » avant toutes les échéances électorales à venir.
Au vu de la situation actuelle et en prenant compte certains paramètres qui peuvent faire sérieusement craindre le pire, afin d’éviter une répétition de l’histoire et notamment de la partie sombre qui a laissé des cicatrices indélébiles et toujours aussi douloureuses même 20 ans plus tard, il est utile de rappeler à travers mon expérience et mon vécu, la situation qui a découlé d’un entêtement à vouloir se diriger vers une confrontation voire un affrontement notamment comme ce qu’on a vécu à la suite des élections présidentielles du 16 décembre 2001 et qui sont relatés dans cette interview accordée au journal L’Express de Madagascar n° 2110 du 09 février 2002 »
J’y ai martelé à cette occasion que :
« Le Pouvoir est au bout des urnes, la Démocratie en est le véhicule »
J’ai posté ceci sur votre page Facebook et m’excuse de vous polluer:
J’ai lu tous vos posts sur le site web, j’ai écouté la conférence de vendredi et voilà ce que j’en pense.
Chers compatriotes,
Je me suis permis de regarder vos profils sur LinkedIn. Vous êtes de brillantes personnes justifiant la réputation des Malgaches : brillants et singuliers. Mais je m’excuse par avance si mes mots vont vous paraître durs : à mon âge, on ne prend plus de gants pour dire des choses importantes. Je ne vais pas non plus proposer de solutions miracles pour les questions que vous posez, et même je ne propose rien du tout : à mon âge aussi, on a appris à ne plus rêver, on écoute, on synthétise, on jette des mots ici et là, afin que ceux qui veulent écouter les traduisent en du concret.
D’abord, dès qu’on voit le mot « Geniies » (avec « Apo » devant, c’est pire, ça sent l’apologie), on y sent de la condescendance et on s’en va. Puis, pour les courageux, vos longs textes utilisant des mots alambiqués, c’est de la tuerie.
Sur le fond des choses :
Q : c’est quoi un régime démocratique ? R : un régime fondé sur le principe que la souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens, permettant une pluralité d’opinions et une concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir qui est remis régulièrement en jeu.
Q : avez-vous approché l’ensemble des citoyens et recueilli une pluralité d’opinions ? ; R : non, pourquoi ?
(i) vous avez expliqué votre projet aux grands politiciens et à des parlementaires qui ne représentent aujourd’hui qu’eux-mêmes et quelques fanatiques ;
(ii) vous avez consulté les hommes d’église qui ne sont des autorités morales que de nom puisqu’aucun d’eux n’a pris en main de manière concrète et significative la détresse matérielle de la majorité des Malgaches, se contentant de panser leurs plaies spirituelles ;
(iii) vous devriez voyager dans tout le pays pour y rencontrer les petits paysans et pêcheurs, les habitants des taudis urbains ;
(iv) vous devriez rencontrer la jeunesse, celle des geeks pleins de potentiels, celle de la classe moyenne dépourvu de repère, celle des démunis dans les campagnes et dans les villes ;
(v) vous devriez évoquer leurs conditions et leurs désirs de contribuer à la vie du pays avec toutes les femmes dans les campagnes ou dans les villes ;
(vi) vous devriez rencontrer le Père Pédro et toutes les bonnes volontés, locales ou internationales, qui s’occupent aujourd’hui des enfants de rue et des orphelins et il y en a partout ;
(vii) vous devriez vous lier aux organisations de la société civile, celles qui se battent pour le droit d’expression, le respect des droits et de la liberté individuelle, le respect de la dignité humaine, le combat pour les droits de la femme, l’atténuation des effets et la résilience aux impacts du changement climatique, la réactivation des sensibilisations au planning familial ;
(viii) vous devriez dialoguer avec tous les petits politiciens sans appréhension de leur présupposé éthique ;
(ix) vous devriez écouter les membres des forces de l’ordre, des petits hommes de troupe jusqu’aux officiers généraux en passant par les officiers subalternes et supérieurs ;
(x) vous devriez essayer de comprendre les motivations et les appréhensions des petits entrepreneurs, des entrepreneurs en situation de monopole, des grands grands entrepreneurs ;
(xi) vous devriez rencontrer les artistes, les sportifs et tous ceux qui font de leur mieux pour défendre les couleurs de Madagascar et/ou la culture malgache.
Q : pensez-vous arriver à mettre en place les conditions d’une concurrence saine pour les élections à venir ? R : c’est votre objectif bien sûr mais ne rêvez pas, nous sommes à 6 mois des élections fondamentales ; vous avez des écoutes polies, vous savez bien que quelqu’un au pouvoir qui est sûr de lui, ne voudra jamais perturber sa façon de voir et faire les choses lorsqu’on est si proche ; vous n’avez (et n’aurez) pas un sou pour concrétiser votre édifice, ne serait-ce que l’achat d’une brique et l’embauche d’un maçon ; vous êtes trop loin de la réalité telle que je le mentionne plus haut.
Je conclus : (a) comme moi, la plupart d’entre vous êtes des rationnels mais s’immiscer dans la vie politique, ce n’est pas le suivi d’une suite logique ni celui d’un business plan avec des hypothèses bien ficelées ; (b) ce n’est sûrement pas de votre faute, ce n’est que maintenant que vous avez pu accorder vos violons mais le boulot aurait du prendre place de façon concrète depuis début 2019, donc on vous rira au nez à quelques mois des élections et les aigris de l’existence d’une diaspora qui s’intéresse à leur pays vont s’y mettre à cœur joie; (c) alors, faites humblement le travail de fond de consulter et dialoguer avec toutes les parties prenantes puis incluez des représentants de ceux qui ne sont pas comme vous et alors (d) documentez et publiez à grande échelle, car à défaut d’avoir tout le monde d’accord, là, maintenant, vous auriez de quoi, je l’espère, susciter dans pas longtemps une prise de conscience générale. Pour les vicieux, je ne demande pas que l’on organise une conférence nationale : c’est nul, cher et manipulable donc inutile. A vous mes amis, faites du « bottom-up », pas du « top-down ». Distinguez-vous par votre humilité, pas par votre génie.