Des élections ? oui, mais pas dans les conditions ni les formes actuelles.

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En 2018, à la même période de l’année, se levait une douce euphorie, nourrie par un profond espoir de changement, galvanisée par la nouvelle participation du président Ravalomanana à une campagne électorale, depuis le coup d’état de 2009, dont il a été la principale victime.

Cinq années plus tard, si l’espoir est de nouveau de retour, l’enthousiasme est de moindre intensité car la population fait face à d’énormes soucis existentiels. Si ce mandat finissant, devrait être un salut pour le pays, il pourrait aussi marquer le début de la prolongation de son calvaire.

 

Les faits qui ont jalonné ce chemin de croix et qui sont un simple rappel des promesses non tenues dont je vous épargne l’énumération, est un fiasco sans appel. Sous d’autres latitudes, cela aurait suffi à dissuader le sortant, à imaginer l’indécence de rempiler. Et pourtant, cette situation ne semble pas être un obstacle pour postuler à un nouveau mandat et croire à la « victoire ».

 

Il faut dire les choses : les dés sont pipés. Si le non-respect des droits fondamentaux, date du début de cette mandature, les opposants font l’objet d’un traitement particulier, ne leur permettant pas de se mouvoir ou de   s’exprimer librement. Quand l’actuel exécutif convoque une loi des années 60 pour justifier cette privation de liberté, il faut être très naïf pour ne pas comprendre que l’intention est l’occupation seule et monopolistique des espaces d’expression. Et même si la campagne n’est pas encore ouverte, on y décèle déjà de futures entorses à la loi électorale, comme par exemple l’usage abusif des agents et matériels administratifs…Le regret émis par l’UE au sujet de l’inobservation de ses recommandations dans le cadre du suivi électoral, finit de planter le décor d’une vaste mascarade.

 

Le simple observateur que je suis, pouvait rester dans son confort et taire toutes ces anomalies et ne pas s’alarmer du danger. Ce pays est-il donc condamné à revivre tous les cinq ans, durant une période de quelques mois, à rêver d’un monde meilleur, pour finir dans un cauchemar collectif, dont le contour se construit sous nos yeux, puisque les mêmes causes, produisent toujours les mêmes effets ?

 

En laissant à d’autres le soin d’expliquer la nécessité d’un nouveau logiciel électoral, l’accumulation de ces irrégularités et du manque de transparence, s’additionnant à l’inégalité de traitements des futurs candidats, sont des ferments pour provoquer une crise post-électorale.

En écrivant ces lignes, je fais une dissonance dans l’analyse et la perspective des évènements à venir et à brève échéance. Mais le militantisme doit avoir une conscience, comme une intime conviction devant un danger ayant une forte probabilité de se réaliser, et manquer de courage à le dénoncer serait une forme de lâcheté.

 

Pour finir, je voudrai traduire librement un proverbe malgache qui dit que c’est en envisageant le pire, que le meilleur se produise…et si cela devait se réaliser, cela pourrait venir du « Geniies », proposant un nouveau système électoral, actant la rupture avec une logique privilégiant l’intronisation d’un homme providentiel, concentrant tous les pouvoirs. Évidemment, ce nouveau logiciel n’est pas l’alpha et l’oméga de la politique car il appelle nécessairement à des réformes institutionnelles appropriées, que le nouvel élu, paré d’une légitimité collective et partagée avec les députés élus, aura comme tâche à mener, pour parfaire la mise en place d’un nouveau modèle politique en conformité avec le mode de scrutin.

 

Hélian Ralison

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Rasendra
1 année il y a

Sous d’autres latitudes, effectivement, le bilan dressé aurait suffi à dissuader le sortant, à imaginer l’indécence de rempiler. Mais nous sommes à Madagascar, comme dirait l’autre, car, comme vous le relevez à juste titre, cette situation ne semble pas être un obstacle pour postuler à un nouveau mandat et croire à la « victoire ». Le bon sens impose de voir si on ne peut pas faire autrement pour casser le cycle vicieux des crises post-électorales. En toute objectivité, en toute sérénité, voyons si ce qui nous est proposé avec le GENIIES ne serait pas le déclic attendu.

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